Sciences et Techniques
Climat-Environnement
14 novembre 2023
Les Pfas en question

Depuis le début du XXIe siècle, les scientifiques multiplient les signaux d’alerte sur l’enjeu des perturbateurs endocriniens. En 2006, l’Europe se dotait de REACH, un système règlementé, intégré et unique d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation des substances chimiques dans l’Union européenne (Registration, Evaluation, Authorization and restriction of CHemicals). Elle modernisait ainsi sa  législation en matière de substances chimiques, tout en garantissant la protection de la santé et de l’environnement, ainsi que les intérêts du secteur de la chimie. Alors que les quatre ministres belges, fédérale et régionaux de l’Environnement (dont Céline Tellier) lançaient un appel à l’Europe pour que soit revue, dans le cadre du Green Deal, en tenant compte des PFAS, la règlementation REACH (octobre 2022), la Commission européenne réduit, depuis septembre 2024, l’usage de certains Pfas dans le cadre du règlement REACH. Ce sont précisément ces Pfas – surnommés aussi les polluants éternels – qui sèment le doute en Wallonie depuis l’été 2023.

En 2021, un député wallon du PTB, Jori Dupont, a pris la défense des habitants de Chièvres, en dénonçant la présence de Pfas dans leurs eaux de consommation. Quand il demande des comptes en septembre 2023, relayé par une émission de la RTBf, l’enjeu de la présence des Pfas dans toutes les eaux wallonnes occupe soudain tous les esprits. 

Souhaité depuis 2021 pour être en conformité avec les directives européennes, un biomonitoring est mis en place en septembre 2023 par une ministre wallonne, Céline Tellier, qui est accablée de toutes parts. Entendue notamment en Commission de l’Environnement du Parlement de Wallonie le 14 novembre 2023, elle ne parvient pas à se faire entendre quand elle explique, avec le soutien d’un Conseil scientifique indépendant, qu’il n’y a pas d’urgence sanitaire dans le cas présent, que les résultats bruts ne peuvent être lancés, en l’état, dans le public et qu’ils doivent faire l’objet d’analyses et d’un accompagnement d’explication des résultats pour les comprendre. Les premiers résultats sont communiqués au public début 2024. Ils permettent désormais de mesurer l’exposition de la population wallonne à un certain nombre de polluants, sans toutefois apaiser les esprits.