Duculot Jules
Culture, Edition
Fagnolle 13/03/1869, Gembloux 03/01/1945
La première imprimerie Duculot a vu le jour à Fosses, au XIXe siècle, avant de prendre ses quartiers à Tamines bien avant la Grande Guerre. Les Duculot forment une très grande famille où émergent la personnalité de Jules, le fondateur de l’imprimerie qui donnera naissance à la maison d’édition, mais aussi celle de son frère émile, imprimeur lui aussi, et par ailleurs conseiller communal catholique de la localité : sous l’Occupation, en l’absence du bourgmestre, c’est lui, émile Duculot, que les autorités allemandes désigneront à la tête de la ville martyr de Tamines ; il en restera le bourgmestre jusqu’en 1921.
Quant à Jules Duculot, il se laisse tenter par l’édition dès 1913, mais il faut attendre l’Armistice pour que le maître-imprimeur développe ses ambitieux projets. Alors que ses frères gardent leur activité d’imprimerie à Tamines, Jules s’installe en effet à Gembloux, en 1919, à proximité des Facultés agronomiques. Il s’assure ainsi du travail par la publication de thèses ou de monographies spécialisées (comme des traités ou des catalogues d’agriculture), tout éditant plusieurs journaux locaux (comme l’hebdomadaire Le Courrier de l’Orneau). L’éditeur reste cependant imprimeur, les deux métiers étant complémentaires. De surcroît, aucun des ouvrages qu’il publie dans les premières années ne s’impose vraiment comme un succès de librairie.
Les choses changent en 1936 quand Jules Duculot accepte, sur le conseil insistant du professeur liégeois Fernand Desonay, de publier un ouvrage que beaucoup d’autres éditeurs ont refusé avant lui : Le Bon Usage que l’on doit à un professeur de français alors peu connu, un certain Maurice Grevisse qui enseigne à Namur. L’ouvrage est imposant, tant par sa démarche que par son volume. La première édition aura un tirage de 3.000 exemplaires. Le Bon Usage va assurer la réputation de Grevisse et de Duculot à partir des années d’après-guerre : le fondateur, Jules Duculot, ne sera cependant plus là pour le voir ; c’est l’un de ses fils, Jules Duculot, qui reprend les affaires à Gembloux.
Désormais la maison Duculot rime avec maison d’édition, creusant sans cesse de nouveaux sillons, avec des ouvrages pour la jeunesse, des livres scolaires, de la littérature régionale, etc. La société publie aussi les ouvrages de l’Académie de Belgique. En 1950, la société familiale devient société anonyme. À la mort du second Jules Duculot (23 octobre 1906-17 septembre 1957), c’est une de ses filles qui reprend la direction des opérations. En 1970, « Duculot » quitte le centre-ville pour le parc industriel de Gembloux. L’imprimerie y restera, tandis que son secteur « éditions » ouvre un siège dans la nouvelle ville universitaire de Louvain-la-Neuve. En 1985, les éditions Duculot publient plus d’un titre par jour. Cependant, progressivement, Duculot devient une société trop petite dans un marché qui évolue fortement et elle ne parvient plus à faire face à la concurrence française. En 1993, face aux difficultés financières, les actionnaires des éditions Duculot revendent à De Boeck (ouvrages linguistiques et scientifiques) et à Casterman (littérature, beaux livres) leur catalogue riche de plus de 500 titres, dont Le Bon Usage (11e édition en 1980) reste la locomotive.
Sources
Centre de Recherche & Archives de Wallonie, revue de presse
Informations communiquées par M. Dominique Winand (décembre 2024)
La Wallonie. Le Pays et les hommes (Arts, Lettres, Cultures), Bruxelles, t. IV, p. 323
Le Soir, 22 juin 1993
Dictionnaire des Wallons (2013 ; 2024) |
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Paul Delforge