Lambert
Saint
Maastricht c. 636, Liège c. 705
Issu d’une riche famille aristocratique de Maastricht, Lambert fait ses études sous l’autorité de Théodard, évêque de Maastricht, cette cité ayant définitivement supplanté Tongres comme siège épiscopal. Le jeune homme est introduit à la cour mérovingienne du Regnum Francorum et évolue dans l’entourage du roi ; Lambert occupe un rang élevé au sein du clergé de la ville. Il est nommé évêque avant l’âge de trente ans, semble-t-il, suite à l’assassinat de Théodard, et devient l’un des conseillers du roi Childéric II, un ancien maire du palais. L’époque est cependant riche en intrigues politiques et, suite à l’assassinat de Childéric, en 673, Ebroïn, devenu maire du palais de Neustrie, poursuit les partisans du défunt roi. Contraint d’abandonner ses fonctions épiscopales, Lambert est remplacé par Pharamond et, pendant les sept années que dure son exil, il se retire au monastère de Stavelot, vivant dans la méditation et l’accomplissement des devoirs monastiques.
Vers 681, quand Pharamond est déposé à son tour, Lambert retrouve ses fonctions d’évêque de Maastricht et contribue, à l’instar de nombreux missionnaires de cette époque, à l’approfondissement de la christianisation auprès des populations rurales. L’évêque rayonne dans le diocèse en utilisant quelques résidences secondaires établies dans les bourgades mosanes de Huy, Namur et Dinant. La Meuse s’impose comme l’axe principal de ce diocèse. Par son œuvre d’évangélisation, il contribue aussi à servir les intérêts de Pépin II dans les régions situées aux confins du royaume. Il soutient la création de nouveaux monastères, dont celui de Munsterbilzen. Cette implication dans les affaires de l’État semble être l’une des hypothèses avancées pour expliquer son assassinat en 705.
Selon cette version, Lambert aurait reproché à Pépin de Herstal sa relation adultère avec Alpaïde, la sœur de Dodon, et lui aurait demandé de la chasser. Par réaction, la concubine aurait commandité le massacre de l’évêque par son frère. Une autre version explique que deux frères, Gall et Riold, des pillards, seraient tombés sous les coups des hommes armés de l’évêque. Leur parent Dodon, domesticus, aurait assassiné l’évêque, lors d’un séjour à Liège, toujours par vengeance. Quoi qu’il en soit, le corps de Lambert est enterré à Maastricht, dans l’église Saint-Pierre aujourd’hui démolie. Son successeur, Hubert (peut-être un parent) fera transférer ses reliques à Liège, et édifiera une chapelle à l’endroit où il a été assassiné. Très vite, le culte qui est rendu à Lambert prend de l’importance et contribue au développement du village. Pas moins de cinq Vitae ont été consacrées, du VIIIe au XIIe siècles, à celui qui est devenu à la fois un martyr et le saint protecteur d’un vaste diocèse. Au XIIe siècle, l’imposante cathédrale de ce qui est devenu le siège d’une principauté ecclésiastique sera construite à l’emplacement de la chapelle du VIIIe siècle, confirmant Lambert comme saint patron de la cité mosane.
Sources
Jean-Louis KUPPER, Liège et l’Église impériale aux XIe-XIIe siècles, Genève, éd. Droz, coll. Bibliothèque de la Faculté de philosophie et lettres de l’Université de Liège », 1981
Alain COLIGNON, Dictionnaire des saints et des cultes de Wallonie. Histoire et folklore, Liège, éd. du Musée de la Vie wallonne, 2003
Godefroid KURTH, Lambert, dans Biographie nationale, t. XI, col. 143-148
Histoire de la Wallonie (L. GENICOT dir.), Toulouse, 1973, p. 98
La Wallonie. Le Pays et les Hommes. Lettres - arts - culture, t. I, p. 57
Jacques STIENNON, dans Freddy JORIS, Natalie ARCHAMBEAU (dir.), Wallonie. Atouts et références d’une région, Namur, 2005
Marie Dewez