SPW-Patrimoine
Château de Bouillon et fortifications de la ville médiévale et moderne
Le site de Bouillon a de tout temps été occupé pour son important attrait stratégique.
Le large méandre décrit par la Semois à cet endroit enserre un important éperon naturellement protégé par un escarpement rocheux et par la large rivière qui l’entoure.
Le site est occupé dès le IIe siècle avant Jésus-Christ. À quelques centaines de mètres du site de l’actuel château, le plateau de la Ramonette qui culmine à 300 m d’altitude a lui aussi été occupé rapidement. Il servit d’assise au Moyen Âge à une première fortification qui prenait la forme d’une motte castrale destinée à défendre le château. Celle-ci, la tour de Beaumont, disparut définitivement en 1141.
Un premier château est quant à lui mentionné à Bouillon en 988. La construction de la seconde forteresse, à l’initiative du duc Godefroid de Bouillon, fut entamée sous son règne (1061-1100).
Toujours en grande partie debout, la forteresse domine ce site grandiose et répond parfaitement, de par sa position avantageuse, aux usages militaires du Haut Moyen Âge.
Le château et son système de défense ont sans cesse évolué jusqu’au XVIe siècle. Devenus ducs de Bouillon, les princes-évêques n’eurent de cesse de perfectionner cette machine de guerre censée protéger le sud de leur territoire face au royaume de France et au duché de Luxembourg.
À l’exception d’un élément de tour, peut-être médiéval, les bâtiments visibles de nos jours ne remontent pas au-delà du XVIe siècle. Les constructions médiévales ont en effet souffert du siège de Charles Quint en 1521. Il faut attendre 1551 et le règne de Georges d’Autriche pour que d’importants travaux soient réalisés : il fit construire la petite poudrière ronde, la porte à bossage et le frontispice du troisième châtelet d’entrée, la tour de l’Horloge et la tour d’artillerie qui porte son nom au début du château, la « tour d’Autriche ». Gravées sur celle-ci se trouvent les armoiries du prince-évêque millésimées de 1551.
La physionomie du site fut alors une première fois bouleversée et fit disparaître les éléments anciens ; contrairement aux croyances largement établies, le château ne conserve donc rien de l’époque du célèbre Godefroid de Bouillon.
L’arrivée des de la Tour d’Auvergne en 1591 ouvrit près d’un siècle de contestation entre les princes-évêques et cette famille pour l’obtention du titre de duc de Bouillon, un siècle sans travaux majeurs. La prise du château en 1676 par Louis XIV lors de la guerre de la ligue d’Augsbourg et la confirmation du titre aux vicomtes de Turenne en 1678 annoncèrent une nouvelle campagne d’importance.
Une plaque en l’honneur du roi de France se situe d’ailleurs au-dessus du porche en plein cintre d’entrée du château. Datée de 1684, elle mentionne également le duc de Bouillon Godefroid-Maurice de la Tour d’Auvergne et porte l’inscription latine « Ludovico Magno Galliar regi principum vindici belli pacis que arbitro Godef. Maurit. De Turre Avernae dei gratia bullionni dux (…)» (Louis le Grand, roi de France, justicier et arbitre de la guerre et de la paix. Godefroid-Maurice de la Tour d’Auvergne, par la grâce de Dieu, duc de Bouillon (…)). Vauban se rendit à Bouillon et, impressionné par le site, rédigea immédiatement un mémoire pour la fortification du château et de la ville. Dans un premier temps, les Français renforcèrent et modernisèrent les défenses du château : rehaussement des courtines, maisons pour officiers, casernes pour les troupes, nouvelle poudrière, nouvel arsenal. Dans un second temps, la ville se vit elle aussi fortifiée : les plans de Vauban apportèrent plusieurs courtines à créneaux, des portes, des casernes et l’édification de neuf tours bastionnées.
Une ancienne caserne de Vauban subsiste boulevard Heynen ; construit en 1690, ce bâtiment constitue un remarquable exemple de corps de caserne de cavalerie. Plus loin, se trouve l’ancienne infirmerie militaire. Parmi les ouvrages conservés en ville, les bastions de Bretagne, de Bourgogne et du Dauphin constituent des éléments caractéristiques de l’art défensif de l’époque. Ce sont de solides bâtisses de schiste en forme de pentagone percés de meurtrières et présentant une échauguette.
Esplanade Godefroy 1
6830 Bouillon
Frédéric MARCHESANI, 2013