Ducarme Daniel

Politique, Député wallon, Ministre wallon

Liège 8/03/1954, Bruxelles 27/08/2010

Député wallon : 1981-1984*, 1985-1987 ; 1988-1991 ; 1992-1995 ; 1995-1999
Ministre wallon : 1985-1987

Diplômé de l’Institut supérieur d’études sociales de l’État à Bruxelles, assistant social, Daniel Ducarme est déjà membre des Jeunesses libérales et président des Étudiants libéraux en 1974. Attaché au Service jeunesse du Bureau de presse et d’information de la Commission des Communautés européennes pour la Belgique, il devient l’un des conseillers d’André Damseaux quand celui-ci est président du PLP wallon puis du PRLW (1976-1977). Conseiller auprès du député européen A. Damseaux (1979-1980), attaché de Cabinet auprès du ministre de l’Agriculture et des Classes moyennes, il revendique une régionalisation complète de l’Agriculture (Le Défi vert).

Propulsé à Thuin où les libéraux sont en perte de vitesse depuis plusieurs scrutins et où le RW réussit de brillants résultats, Daniel Ducarme parvient à enlever l’un des trois mandats de député dans ce difficile arrondissement (novembre 1981). Député, membre du Conseil régional wallon, il est d’emblée choisi comme chef de groupe au Conseil de la Communauté française, où il est l’un des signataires d’une proposition de décret instituant Bruxelles capitale de la Communauté française (4 avril 1984). Suppléant de Roger Nols qui renonce à siéger à Strasbourg, D. Ducarme abandonne ses mandats « belges » pour devenir député européen (1984-1985), tout en restant mobilisé par des dossiers locaux.
Réélu député dans l’arrondissement de Thuin en 1985, il renonce à son mandat européen pour devenir ministre de l’Environnement et de l’Agriculture dans l’Exécutif régional wallon présidé par Melchior Wathelet (23 décembre 1985-3 février 1988). À 31 ans et 8 mois, il est alors l’un des plus jeunes ministres wallons après Philippe Maystadt et Melchior Wathelet. C’est aussi la toute première fois qu’un ministre wallon est officiellement en charge de l’Agriculture. Tenace, il tient à la régionalisation de cette compétence dont l’essentiel est du ressort du national.
Envoyé dans l’opposition en 1987, chef de file du groupe libéral au Conseil de la Communauté française et au Conseil régional wallon (10 mai 1988-17 avril 1990), D. Ducarme annonce sa candidature (septembre 1989) à la succession de Louis Michel à la présidence du PRL. Avec Antoine Duquesne, il constituera le duo présidentiel libéral du 20 janvier 1990 au 15 mars 1992 dont la déconvenue électorale de fin 1991 sonnera le glas. Ayant quitté la Thudinie pour la circonscription de Charleroi, D. Ducarme avait sauvé la mise dans son arrondissement mais ce n’était pas suffisant. Vice-président du bureau de la Chambre (mars 1992-mai 1995), actif opposant aux dispositions de la Saint-Michel et de la Saint-Quentin (1992) au sein de la Commission des Réformes institutionnelles de la Chambre, président de la fédération du Hainaut du PRL (1993-1999), D. Ducarme doit composer avec les instances de son parti : « renvoyé » dans son arrondissement de Thuin, il parvient néanmoins à obtenir la première suppléance au Sénat.

Meilleur score dans sa Thudinie, il figure parmi les 75 premiers députés élus directement au Parlement wallon. Quand Jean Gol renonce à son mandat sénatorial pour privilégier celui de député européen, Daniel Ducarme – son 1er suppléant – annonce sa préférence pour le Parlement wallon et plus particulièrement le Conseil de la Communauté française où il reçoit mission de diriger l’opposition libérale. À la fois procédurier et hâbleur, il harponne régulièrement la coalition PS-PSC. Dans Du grain à moudre, ouvrage publié en décembre 1995, il continue à s’interroger sur le devenir de la Belgique à l’horizon 1999, et sur le positionnement de « l’espace francophone » par rapport à l’Europe, voire par rapport à la France. Préoccupé par ce qu’il appelle les droits des francophones de Flandre, D. Ducarme se mobilise de plus en plus contre les circulaires flamandes qui réduisent les facilités dans la périphérie bruxelloise, est présent sur le terrain, dans la périphérie, aux côtés d’Olivier Maingain, et fait entendre sa voix à la tribune du Conseil de la Communauté française. Le président de la fédération hennuyère du PRL semble de plus en plus attiré par la défense des intérêts francophones à Bruxelles.

Pourtant, sur le plan local, Daniel Ducarme a enfoncé ses racines en Thudinie. Élu conseiller communal de Thuin en octobre 1982, il devient bourgmestre en 1989. Reconduit dans ses fonctions en 1995, il annonce son départ de Thuin, en janvier 2000, pour s’établir à Bruxelles. Entre-temps, il a opté à nouveau pour l’Europe et a été élu député européen en juin 1999 ; il est questeur pour le groupe libéral (20 juillet 1999-4 juin 2003). Président ad interim du PRL après la formation des majorités arc-en-ciel (16 juillet-21 novembre 1999), D. Ducarme est choisi officiellement par les militants libéraux durant l’automne pour remplacer le vice-Premier ministre Louis Michel à la présidence du parti (21 novembre 1999-24 mars 2002).  D’emblée, il rompt avec la ligne politique de son prédécesseur afin de déplacer le PRL vers le centre de l’échiquier politique. À Schaerbeek où il a été son domicile, il fait le ménage dans les rangs de son parti, s’allie avec le FDF et le duo Clerfayt-Ducarme s’impose avec le concours d’Écolo et du PS. B. Clerfayt devient bourgmestre et D. Ducarme est conseiller communal et chef de groupe (janvier 2001-juin 2003).

Chef des « bleus », D. Ducarme fait et défait les équipes ministérielles et participe personnellement aux négociations institutionnelles qui aboutissent à l’accord de la Saint-Polycarpe (23 janvier 2001). Il reprend aussi la présidence de la Conférence du Renouveau Institutionnel pour Bruxelles (dite la Petite Corée) et parvient à l’accord du Lombard. De plus en plus impliqué dans la politique bruxelloise, ministre d’État (janvier 2002), le président de la fédération PRL-FDF-MCC, devenue le MR (24 mars 2002), fait du scrutin fédéral de 2003 un rendez-vous majeur. Le succès est au rendez-vous, le MR devenant le premier parti à Bruxelles. Sur le modèle de Guy Spitaels en janvier 1992, le président du MR s’autoproclame ministre-Président du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, le 5 juin 2003, et succède à François-Xavier de Donnea. Par cette démarche, il entend poser un geste fort envers sa nouvelle Région. Dans le même temps, il reprend à Richard Miller la fonction de ministre des Arts et Lettres et de l’Audiovisuel dans le gouvernement de la Communauté française présidé par Hervé Hasquin. Ainsi se conjuguent l’affirmation du fait régional et la dimension du fait francophone. Abandonnant son mandat de député européen (à Anne André-Léonard), il renonce aussi à la présidence du MR, où il est remplacé par Didier Reynders. Après le PS bruxellois Charles Picqué, il est le seul ministre à avoir participé conjointement et simultanément à un gouvernement de la Communauté française et de la Région de Bruxelles-Capitale.

Préparant sa reconduction à l’horizon du scrutin de juin 2004, Daniel Ducarme est emporté par une campagne de presse alimentée par le journal Vers l’Avenir qui insiste sur les négligences fiscales du n°1 bruxellois. Forcé à la démission, D. Ducarme ne conserve que son fauteuil à la Chambre, jusqu’au 10 juin 2007. Régularisant sa situation avec le fisc, c’est la maladie qui le rattrape. Conseiller politique et officiellement chargé de mission pour les Belges à l’étranger (responsable du MR-International depuis octobre 2006), réélu à la Chambre fédérale dans l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde, D. Ducarme réfléchit aux scénarios possibles dans l’hypothèse d’une scission de la Belgique. La maladie a raison de ses efforts durant l’été 2010.

Sources

Cfr Encyclopédie du Mouvement wallon, Parlementaires et ministres de la Wallonie (1974-2009), t. IV, Namur, Institut Destrée, 2010, p. 215-220

Mandats politiques

Député (1981-1984)
Membre du Conseil régional wallon (1981-1984)
Conseiller communal de Thuin (1983-2000)
Député européen (1984-1985)
Député (1985-1995)
Membre du Conseil régional wallon (1985-1995)
Ministre de l’Exécutif régional wallon (1985-1987)
Chef de groupe au CRW (1988-1990)
Bourgmestre (1989-2000)
Député wallon (1995-1999)
Député européen (1999-2003)
Conseiller communal de Schaerbeek (2001-2003)
Député fédéral (2003)
Ministre-Président de la Région de Bruxelles-Capitale (2003-2004)
Ministre communautaire (2003-2004)
Député fédéral (2004-2010)