Hanse Joseph

Académique, Philologie

Floreffe 05/10/1902, Watermael-Boitsfort 07/11/1992

Père du Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne (1983), le grammairien wallon est un véritable gardien de la langue française. Plébiscité par ses pairs et par tout le public francophone, son nom a fini par supplanter le titre de son ouvrage de référence : « Le Hanse ».

Rien ne le prédestinait à devenir ce protecteur de la langue. Issu de la classe moyenne namuroise, il profite des bienfaits de l’instruction obligatoire, fait presque toutes ses études dans son village natal, à Floreffe, entamant des humanités gréco-latines au Petit-Séminaire (1914-1917), avant de les achever au Collège Notre-Dame de la Paix à Namur (1917-1920). L’étudiant est brillant. La plus grande distinction vient ensuite couronner son doctorat en philosophie et lettres, défendu à l’Université catholique de Louvain en 1925. Consacrée à Charles de Coster, sa thèse est récompensée par l’Académie de Langue et de Littérature françaises deux ans plus tard et publiée en 1928.

Professeur à l’Athénée de Bruxelles et à l’École des régents de l’Institut Saint-Thomas (1933-1944), le jeune enseignant se consacre à l’écriture et est particulièrement attentif à la défense de la langue française. En 1933, il se permet d’adresser un réquisitoire contre La Grammaire de l’Académie française, qu’il qualifie de scandaleuse. Rapidement la cause lui est entendue : la croisade menée par ce jeune trentenaire contre l’autoritarisme grammairien de la « vieille » Académie marquera sa carrière de savant philologique, mais aussi sa vocation nationale et internationale de gardien de la langue française universelle. Observant l’évolution de la langue française dont il est un amoureux fervent, il entend prodiguer les conseils qui en assurent le bon usage. À cet effet, il réclame la création d’une autorité compétente, supérieure à l’Académie française, et dont il précise les modalités de fonctionnement. Ses propositions se concrétisent avec l’Office de la langue française, association privée en ses débuts (1937), dont les consultations nombreuses et de tous les horizons renforcent la nécessité et le crédit.
La Seconde Guerre mondiale ralentit ce premier élan. C’est pourquoi, dès 1945, Joseph Hanse crée, avec Alain Guillermou, la Fédération du français universel et, simultanément, les Biennales internationales de la langue française. À l’occasion de la première Biennale qui se tient à Québec, est créé le Conseil international de langue française. Reconnu et subsidié par les pays francophones, le Conseil international s’impose sur la scène internationale. Présidé par Joseph Hanse de 1968 à 1991, il fait preuve d’une réelle indépendance dans son fonctionnement, et d’un large esprit d’ouverture à l’égard des pays où le français est de pratique régulière.

Dans le même temps, Joseph Hanse est nommé préfet de l’Athénée d’Ixelles (1944) puis devient professeur à l’Université catholique de Louvain (1945-1973). En 1949 paraît la première édition du Dictionnaire des difficultés grammaticales et lexicologiques. Tenant compte de l’évolution des pratiques de la langue, cet ouvrage devient en 1983 le Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne (1983), déjà évoqué.
Défenseur de la langue française et citoyen d’un pays en proie aux différends communautaires, J. Hanse a été soucieux de n’adhérer à aucun parti politique, mais s’est engagé personnellement au sein de la Fondation Plisnier : « (...) les périls qui s’annonçaient à l’horizon politico-culturel étaient beaucoup trop graves pour qu’un homme de science fidèle à sa Wallonie pût rester dans la sérénité de sa tour d’ivoire. (...) » (1959). 

Avec la Fondation Plisnier dont il assurera la présidence (1976-1992) et où il a créé l’Office du Bon langage (1961), il mène la Chasse aux belgicismes, titre d’un ouvrage qui connaît plusieurs éditions, et est l’initiateur de la Quinzaine du bon langage. En 1972, avec Lydie Ruytinx-Sasson et Albert Doppagne, Joseph Hanse crée le premier championnat national d’orthographe et, pendant vingt ans, garantira la qualité et le succès de ce tournoi dédié à la langue française. Au moment de l’Affaire de Louvain (1962-1968), le professeur s’enrôle sans hésiter dans la campagne en faveur du maintien du français dans l’université et travaille au sein de la Commission des sages pour tenter de dégager un compromis. En 1976, avec Marcel Thiry, Fernand Dehousse et Jean Rey notamment, J. Hanse rédige la Lettre au roi pour un vrai fédéralisme, cosignée par de nombreuses personnalités wallonnes et bruxelloises en faveur de l’instauration rapide d’un fédéralisme où Bruxelles disposerait d’un réel statut.

Très bon connaisseur de la littérature, Joseph Hanse a assuré, avec Gustave Charlier, la direction scientifique de la monumentale Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique (1958) dont il a rédigé trois chapitres importants. Avec Carlo Bronne et Herman Liebars, il a aussi fondé le Musée de la Littérature (1958) qui deviendra « Archives et Musée de la Littérature » (1967), centre rattaché à la Communauté française en 1977. Joseph Hanse en sera le président jusqu’à son décès en 1992. Membre du comité scientifique de la Bibliothèque royale, membre de l’Académie de Langue et de Littérature françaises (1956), il a aussi présidé la Promotion des lettres belges.

Plusieurs récompenses ont été remises à Joseph Hanse. On ne retiendra ici que le Grand Prix du Rayonnement français (1977), récompense décernée par l’Académie française, pour le rôle décisif qu’il a joué dans la prise de conscience de la francophonie.

Sources

HANSE Joseph    BEYEN Roland, Nouvelle Biographie Nationale, t. IX, p. 213-215
OTTEN Michel, Études de littérature française de Belgique. Mélanges offerts à Joseph Hanse pour son 75e anniversaire, Bruxelles, 1978
Album de souvenirs. Joseph Hanse aurait 100 ans. Les faits marquants d’une vie. Des témoignages. Sa bibliographie, Bruxelles, 2002

Distinctions

Cocarde de Wallonie (Namur, 1955) Gaillarde d'Argent conférée à Namur par Joseph Calozet (1958)
Officier de la Légion d'honneur (1972)
Prix de la langue française décerné par l'Académie française (1972)
Grand Prix du Rayonnement français (1977)
Docteur honoris causa de l'Université de Bologne (1989) et de l'Université de Paris Val-de-Marne (1990) 

Œuvres principales

Charles de Coster, 1928 (1990)
Dictionnaire des difficultés grammaticales et lexicologiques, 1949
Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, 1958 (avec G. Charlier)
Maurice Maeterlinck : 1862-1962, 1962
(Nouvelle) Chasse aux belgicismes, 1971 (et 1974)
Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, 1983
Naissance d’une littérature, 1990