de Sélys Longchamps Michel-Laurent

Politique, Révolutions

Liège 10/02/1759, Liège 25/04/1837


Le parcours politique de Michel-Laurent de Sélys Longchamps est étroitement lié aux multiples péripéties politiques et militaires qui bouleversent radicalement le cadre institutionnel du pays wallon au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Né dans une famille aristocratique hesbignonne, grande propriétaire terrienne au sein de la principauté de Liège, il mourra citoyen belge après avoir servi les intérêts de son « pays » sous le régime français et orangiste.

Si on lui prête des amitiés avec Fabry et Chestret, Michel-Laurent de Sélys Longchamps ne joue aucun rôle dans l’heureuse révolution liégeoise de 1789. Trois ans plus tard, lorsque les armées de Dumouriez proclament la souveraineté du peuple dans le pays wallon après leur victoire à Jemappes, de Sélys apparaît comme conseiller suppléant lors du tout premier vote démocratique jamais organisé dans le bassin liégeois (décembre 1792). Le jeune noble veut renoncer à son statut de privilégié et embrasser la cause républicaine. Mais à peine la réunion de Liège à la France était-elle votée que « les Impériaux » faisaient leur retour, obligeant de Sélys à trouver refuge loin de chez lui. Il rentre dans le sillage des armées républicaines, victorieuses à Fleurus. Quand le pays de Liège est organisé en département de l’Ourthe, de Sélys se voit confier la mission d’organiser le canton de Saint-Trond, là où se situe l’essentiel de ses propriétés (octobre 1795). Quand la ville de Liège est dotée d’une municipalité, dont les membres sont alors désignés par les représentants de Paris, de Sélys est choisi, avant d’être élu par ses pairs à la présidence (décembre 1795- mai 1797). En 1797, la première élection municipale libre est organisée à Liège et de Sélys est élu par le peuple cette fois (mai) et confirmé à la présidence : en dépit de ce soutien, il démissionne quasi immédiatement tant de la présidence que de l’assemblée (21 mai 1797).

Il fait sa réapparition en mai 1800 quand le préfet de l’Ourthe suspend de ses fonctions la municipalité liégeoise et nomme de Sélys à une présidence provisoire avant de l’installer officiellement comme maire de Liège. Après deux années (19 juin 1800-14 avril 1802), il quitte l’hôtel de ville de Liège pour siéger à Paris. Au Corps législatif, il va représenter le pays de Liège du 27 mars 1802 au 1er juillet 1807. De son passage à Paris, deux événements méritent d’être cités, l’un d’ordre privé, l’autre d’ordre politique. D’une part, il épouse une Parisienne, fille de diplomate (1808) ; le couple aura des enfants dont Michel-Edmond qui deviendra à la fois homme politique et un scientifique important ; d’autre part, Michel-Laurent vote contre la prolongation à vie des pouvoirs du premier consul qu’il avait cependant accueilli à Liège, le 1er août 1802.

De retour à Liège, il reste actif dans la vie de la cité ; ainsi est-il, durant l’été 1814, l’un des délégués envoyés auprès du représentant prussien afin de dénoncer l’imposition financière que le nouvel occupant veut prélever dans le nouveau gouvernorat général du Bas-Rhin. Après Waterloo et en application des traités de Paris, quand se constitue le nouveau Royaume-Uni des Pays-Bas (1815), de Sélys est nommé au sein des États provinciaux de Liège ; ensuite, il retrouve l’hôtel de ville de Liège en tant que membre du Conseil de Régence de 1819 à 1821, moment où il démissionne à nouveau. Assurément, le régime orangiste ne rencontre pas son assentiment ; du moins est-ce ainsi que l’on peut interpréter sa présence, le 15 septembre 1830, au sein d’un comité consultatif « de secours » chargé de veiller à la sureté publique, au moment où les volontaires liégeois sont partis combattre les troupes « hollandaises » à Bruxelles. Quand l’indépendance belge est proclamée, de Sélys est l’un des 19 députés de la province de Liège appelés à siéger au Congrès national. Représentant du district de Waremme, il participe aux travaux et discussions sur la mise en place d’un nouvel État. Partisan d’un système monarchique, il vota l’exclusion à vie des membres de la maison d’Orange-Nassau ; celui qui avait contribué à l’organisation de la consultation populaire sur la réunion à la France et avait été maire de Liège ne pouvait que soutenir la candidature du duc de Nemours, avant de se prononcer en faveur de Surlet de Chokier comme chef de l’État.

Retiré de la politique, il finit ses jours dans le château qu’il s’était fait construire en style Empire, entre 1805 et 1815, par l’entrepreneur liégeois Duckers et le sculpteur parisien Mongin, d’après les plans de l’architecte parisien Aimé Dubois.

 

Sources

http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=14211 
Eugène DUCHESNE, dans Biographie nationale, t. 22, col. 188-192
Paul BRIEN, dans Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 1965, p. 69-71
 

 

Mandats politiques

Conseiller suppléant de la municipalité de Liège (décembre 1792-mars 1793)
Membre et président de la municipalité de Liège (1795-1797)
Maire de Liège (1800-1802)
Député du département de l’Ourthe au Corps législatif (1802-1807)
Membre des États provinciaux de Liège (1815)
Membre du Conseil de Régence de Liège (1819-1821)
Délégué de Waremme au Congrès national (1830-1831)