Les fonts baptismaux de Notre-Dame – Diffusion Institut Destrée © Sofam
Dans l’effervescence intellectuelle et artistique de l’espace wallon des IXe au XIIe siècles, parmi d’innombrables réalisations, les fonts baptismaux de Notre-Dame s’imposent comme le chef-d’œuvre le plus représentatif de l’art mosan et le plus abouti de l’art roman. Du moins est-ce l’analyse de ceux qui considèrent que cette œuvre en laiton a été réalisée selon la technique de la fonte à la cire perdue, entre 1107-1118, et l’attribuent soit à Lambert Patras, batteur dinantais, soit à Renier, orfèvre hutois. Mais il en est d’autres qui avancent une autre explication et prétendent que cette cuve baptismale n’a pas été fabriquée dans le bassin mosan, mais bien par des artistes byzantins de la fin du Xe siècle. Il pourrait d’ailleurs s’agir d’une rapine faite en Italie lors d’une expédition militaire liégeoise. Au crédit de cette thèse, le peu de plomb présent dans l’alliage n’est pas, contrairement à d’autres œuvres du XIIe siècle, d’origine locale ; le grain de l’alliage ne correspond pas non à d’autres réalisations mosanes. Les influences byzantines sont évidentes, mais le rayonnement culturel de Constantinople est tel, à l’époque, qu’il n’exclut pas la collaboration d’artistes « extérieurs » lors de la fabrication mosane.
Dans le débat qui oppose la thèse des uns à celle des autres, aucune preuve probante n’a permis jusqu’ici de trancher définitivement la question. Elle ne doit pas gâcher le plaisir que procurent les thèmes iconographiques empruntés, entre autres, à la Bible, à Bède le Vénérable et à Rupert de Deutz et qui sont particulièrement mis en valeur dans leur conservation actuelle à l’église Saint-Barthélemy de Liège. Avant 1804, les fonts se trouvaient probablement dans l’église Notre-Dame-aux-Fonts, érigée sous Notger, voire dans la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège.