Politique
3 et 4 août 1312
Le Mal Saint-Martin, triomphe des « petits »

Incendie de la collégiale saint-Martin – Diffusion Institut Destrée © Sofam

Le clivage entre grands et petits conduit à de vives tensions au sein de la population liégeoise et, dès la seconde moitié du XIIe siècle, les « petits » revendiquent leur participation au gouvernement de la cité. Troubles, violences et révoltes se succèdent et atteignent un point culminant dans la nuit du 3 au 4 août 1312. Le parti des nobles de la cité s’est rassemblé et a donné le signal à ses alliés postés hors de la ville d’incendier la halle des bouchers : les « nantis » voulaient ainsi montrer leur exaspération à l’égard de ceux qui vendaient la viande sans s’acquitter des redevances demandées par l’échevinage. Alerté par le bruit et par les flammes, la population se rassemble sur la place du marché et prend les armes ; elle bénéficie de l’appui des chanoines du chapitre. Les grands sont refoulés vers le Publémont et se replient sur les hauteurs de la collégiale Saint-Martin. Pris en tenaille, ils trouvent finalement refuge dans l’église et s’y barricadent. Renforcés par une troupe de paysans et d’ouvriers des mines de houille voisines, les « petits » dressent un bûcher autour de l’église et l’embrase. Au total, environ deux-cents membres de l’aristocratie liégeoise perdent la vie dans cet incendie connu sous le nom de Mal Saint-Martin. Dix échevins sur quatorze périssent. L’aristocratie est décapitée ; les rescapés parmi les « grands » ne sont plus en position de force. Ils devront concéder la Paix d’Angleur en 1313.