Depuis le début des années 1870, la Section belge de l’Association internationale des Travailleurs a du plomb dans l’aile ; les antagonismes entre les grands courants politiques ne cessent de se creuser. En Flandre, on s’appuie sur le modèle allemand du Parti Social Démocrate, en rupture avec l’AIT, qui prône l’action via les structures politiques existantes. À Bruxelles, la tendance est aussi de se rallier massivement au courant social-démocrate. En Wallonie – et surtout à Verviers et dans le Borinage – on reste fidèle à l’anarchisme et à la révolution, on récuse l’action politique et la création de parti.
En avril 1877, le Congrès qui se tient à Gand vise à rapprocher les points de vue sur un programme où la participation au pouvoir politique est l’objectif premier. Flamands et Bruxellois veulent rendre l’action politique obligatoire, les délégués wallons fortement influencés par les Verviétois font un important effort pour admettre qu’elle soit facultative. Ce n’est pas suffisant.
Restant sur un désaccord, les Flamands fondent, en mai 1877, un Parti Socialiste Flamand ; peu après, les Bruxellois donnent naissance au Parti Socialiste Brabançon. En avril 1879, ces deux partis fusionnent et forment le Parti Socialiste Belge, appellation erronée puisque les Wallons n’en sont pas partie prenante. Quand, sous la pression des réformistes, le suffrage capacitaire est appliqué aux élections communales (loi de 1883, élection de 1884), on assiste à une lente évolution en pays wallon. Le 5 avril 1885, le POB voit le jour : sur les 59 groupements rassemblés, dix viennent de Wallonie.