Depuis le départ de Philippe II pour l’Espagne, la haute noblesse se trouve satisfaite par les responsabilités que le roi lui a confiées pour diriger les Pays-Bas en son nom. Par contre, la noblesse moyenne se sent très vite exclue du système de décision, à l’instar de la bourgeoisie, sans parler du peuple, d’autant plus que les États-Généraux ne sont plus convoqués. De Madrid, Philippe II se contente de mener une violente campagne contre l’hérésie, mais la sévérité de ses placards suscite l’hostilité de la plupart des gens, même auprès des autorités locales qui estiment que les placards portent atteinte aux privilèges et libertés constitutionnels. Ne recevant aucune réponse de Madrid à leur protestation, les représentants de la moyenne noblesse décident d’une pétition de protestation demandant la suspension de l’Inquisition et des placards contre l’hérésie (décembre 1565). La pétition trouve des relais auprès de la haute noblesse. Le 5 avril 1566, solennellement, une procession de 300 signataires traverse Bruxelles pour remettre leurs griefs à Marguerite de Parme. Lu à voix haute à la gouverneur générale, le texte est appelé le Compromis des Nobles. En raison du mépris affiché par un conseiller de Marguerite de Parme, le terme Gueux – utilisé contre les pétitionnaires – devient le nom de leur « parti ».