Les partisans du suffrage universel avaient placé beaucoup d’espoirs dans le succès de leurs représentants lors des élections du 2 juin 1912. Leur désillusion est profonde, mais leur motivation reste intacte, souhaitant croire, à la suite des leaders du POB et du Parti libéral, que le processus législatif pourra conduire à la reconnaissance du droit de tous à participer aux élections sur un pied d’égalité. La revendication du suffrage universel n’est pas neuve et le recours à la grève générale non plus.
Le 8 avril 1902, les travailleurs du Hainaut s’étaient déjà mis spontanément en grève pour soutenir une proposition de loi du POB. En raison des nombreux débordements, voire de violentes confrontations, la direction du POB avait pris la responsabilité d’une manifestation en date du 14 avril qui rassembla 300.000 personnes, puis de lancer la grève générale. La majorité parlementaire homogène catholique resta de marbre (18 avril) et le POB freina alors l’élan populaire, afin de rester dans la voie de la légalité.
En 1913, c’est encore un 14 avril que se rassemblent entre 350 et 500.000 manifestants pour dénoncer le refus du Parlement de voter le principe du suffrage universel. Se poursuivant durant dix jours, la grève générale (la troisième depuis 1886 et 1902) a été préparée de longue date : le POB la veut organisée, générale et pacifique. Le 24 avril, le mouvement est arrêté par la direction du POB qui obtient des promesses du Premier ministre : une commission parlementaire dite des XXXI est mise en place, le suffrage universel sera d’abord organisé pour les élections communales et l’instruction obligatoire est promise. Il faudra attendre la fin de la Grande Guerre pour que le suffrage universel masculin s’applique aux élections législatives.
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