Possible résurrection de la chaudronnerie romaine d’Entre-Meuse-et-Rhin selon certaines hypothèses, une activité exceptionnelle est enregistrée le long de la Meuse vers le XIe siècle. Facilitant les communications et les sources d’énergie, le fleuve accueille en effet de nombreux ateliers qui travaillent des matériaux présents dans les terres avoisinantes comme la calamine et le derle et recourent aux denses forêts pour s’alimenter en combustible. Le fleuve et la route amèneront aussi le minerai de cuivre importé d’Allemagne. Si les artisans se spécialisent dans le travail de l’étain à Huy, c’est vers le cuivre que se tournent les « batteurs » apparus à Dinant vers le XIe siècle. Ils acquièrent une réputation telle que le nom de leur cité servira à désigner l’ensemble de leur vaste production, la dinanderie.
Conscients de leur force économique mais aussi politique, les batteurs de cuivre constituent le parti le plus fort de leur cité ; ils n’hésitent d’ailleurs pas à soutenir Henri de Dinant contre le prince-évêque de Liège ; bien qu’élu, Henri de Gueldre doit combattre à diverses reprises pour écarter son rival et mâter « les excès » des Dinantais, au point de faire le siège de la ville (1248). Reprenant les rênes du pouvoir, le prince-évêque sanctionne les rebelles en imposant une charte aux batteurs de cuivre de Dinant, le 14 décembre 1255 ; ce texte limite leurs droits politiques (privation du droit de se réunir), tout en règlementant davantage l’accès à la corporation.